Environnement : qu’en disent les partis?

Dans la conjoncture sociale actuelle, l’environnement est devenu un thème récurrent que les partis ne peuvent plus éluder lors des élections. Dans le cadre des élections fédérales 2015, nous avons donc décidé d’analyser dans quelle mesure les partis accordent de l’importance à ce thème en analysant les communiqués officiels des différents partis politiques. Ce portrait est établi selon plusieurs aspects, tant par l’analyse de l’ensemble des plateformes électorales que par l’analyse du poids de ce thème pour chacun des partis.

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Analyse

Dans les données dont nous disposons, le thème de l’environnement est identifié automatiquement par les mots eau, environnement, conservation, naturel, réserve, parc, colombie, britannique, ressource, autochtone et partenariat. Le thème général de l’environnement semble donc enchâssé avec des sous-thèmes comme les Autochtones et les ressources naturelles, ce dernier évoquant immanquablement une dimension économique au traitement du thème à l’étude.

La figure 1 démontre que le thème de l’environnement, s’il a connu une pointe de popularité le 21 septembre avec 52,12 mots du thème par 10 000 mots, demeure toutefois une préoccupation constante tout au long de la campagne actuelle. En effet, les mots relatifs au thème étant présents de manière constante dans les documents du corpus.

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Figure 1. Évolution temporelle du thème de l’environnement dans les documents des principaux partis, pondérée par 10 000 mots

La figure 2 indique que, sans surprise, le parti couvrant de manière plus importante le thème de l’environnement est le Parti vert, avec un taux de 23,18 mots du thème par 10 000 mots. Suit ensuite le NPD, qui précède le Parti conservateur. C’est donc dire que tant le Parti libéral que le Bloc québécois possèdent une fréquence de mots relatifs à l’environnement (toujours pondérée par 10 000 mots) inférieure au Parti conservateur, ce qui peut s’avérer une surprise.

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Figure 2. Présence du thème de l’environnement dans les documents des principaux partis, pondérée par 10 000 mots

La suite de l’analyse a été constituée avec un sous-corpus formé des documents portant sur l’environnement. Il a été créé en repérant les textes qui comprennent le terme environnement. Ce sous-corpus est constitué de 95 documents :  33 pour les libéraux; 22 pour les néodémocrates; 19 pour les verts; 16 pour les conservateurs; 5 pour les bloquistes.

La figure 3 vient représenter la proximité des partis entre eux concernant l’environnement avec le coefficient de proximité de Jaccard. Cette mesure statistique permet d’indiquer la proximité entre deux éléments déterminée par un chiffre entre 0 et 1. Plus la valeur entre deux éléments se situe près de 0, moins il y a de ressemblance ; inversement, plus la valeur du coefficient de Jaccard est près de 1, plus il y a de la ressemblance entre les éléments. Le nombre 1 indique une proximité complète.

On voit d’emblée que le Bloc québécois est le parti le plus marginalisé sur la question. Il pointe avec un taux de 0,39 de similarité par rapport au regroupement qui le suit. Nous serons en mesure de comprendre cette distance par l’analyse de la figure 4. En ce qui a trait aux partis pancanadiens, on observe une division claire. Le NPD et le Parti vert forment une classe qui se distingue du Parti conservateur et du Parti libéral. Il semble donc se dessiner une ligne de force significative qui divise les conservateurs et les libéraux d’un côté, avec les néodémocrates et les verts de l’autre.

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Figure 3. Classification des partis selon le thème de l’environnement

La figure 4 représente la correspondance entre les mots relatifs à l’environnement sélectionnés et les partis politiques. Cette analyse vient spécifier les correspondances entre les partis qui viennent d’être présentées. Comme nous l’avons déjà indiqué dans un billet antérieur, les mots qui sont près de la jonction centrale sont étroitement liés à l’ensemble du contenu des documents du corpus. Plus ils s’éloignent de la jonction, plus il s’agit de termes singuliers. Le mot québécois est ainsi plus spécifique à un type précis de textes que le mot développement, ce dernier étant situé tout près de la jonction principale.

De plus, il ne faut oublier que la similarité entre deux mots n’est pas basée sur la distance qui les sépare, mais bien par l’angle du vecteur créé à partir de la jonction principale. Les mots projet, étude et Ottawa sont donc considérés comme étant près, car ils se situent tous dans un même angle (voir figure 4).

Ainsi, on peut voir que les termes qui éloignent le Bloc québécois de l’ensemble sont relatifs à sa situation géopolitique; les mots Québec, québécois, transport, pétrole se situent dans son angle spécifique. Le Parti vert et le NPD partagent des mots comme climatique, durable, scientifique, émission. Le Parti libéral est positionné dans l’angle des mots argent, travailleur, budget et ressource. Le Parti conservateur se situe dans l’angle des mots comme entreprise, pétrole et énergie. On voit donc se dessiner les rapprochements entre les partis; si les néodémocrates et les verts semblent davantage parler de changement climatique d’un point de vue scientifique, la dimension économique de l’environnement est davantage avancée par les libéraux et les conservateurs.

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Figure 4. Analyse des correspondances entre les partis avec les mots relatifs à l’environnement

Conclusion

En conclusion, on peut voir que le thème de l’environnement, s’il s’avère traité de manière constante tout au long de la campagne, est néanmoins approché différemment par les partis fédéraux. La proximité entre les conservateurs et les libéraux s’établit autour de certains mots déterminants, surtout marqués par la dimension économique. Au contraire, la proximité entre les néodémocrates et les verts se forme autour de la dimension scientifique de l’étude environnementale. Finalement, le Bloc québécois est encore marginalisé par rapport aux autres partis par sa situation géopolitique, qui se reflète directement dans ses mots les plus spécifiques. Le portrait ainsi dressé permet de bien saisir la carte idéologique des partis par rapport à l’environnement.

Méthodologie

Comme notre analyse veut couvrir l’ensemble des partis politiques, elle sera exclusivement faite en langue française, car le Bloc québécois n’a publié aucun en anglais. Le premier élément d’analyse porte sur l’importance du thème de l’environnement dans l’ensemble des plateformes. Les thèmes les plus représentatifs des plateformes sont extraits par une méthode statistique basée sur la récurrence de certains groupes de mots.

Pour identifier le thème de l’environnement dans l’ensemble des documents officiels des partis, les mots devaient apparaître au moins 50 fois pour être sélectionnés. Le sous-corpus de l’environnement a été extrait du corpus des documents officiels des partis politiques à l’aide du terme environnement. La fréquence minimale pour l’analyse du thème de l’environnement s’élève à 20 pour le sous-corpus.

Le portrait de la correspondance entre les mots représentatifs et les partis politiques reproduira aussi une méthode utilisée dans un billet antérieur. La classification des partis selon la mesure de similarité de Jaccard a aussi été présentée dans un billet antérieur.
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